Publié par : juliejbenamerique | 15 février 2011

Bienvenidos a Chavezuela

Le président vénézuélien Hugo Chavez

Nous sommes installés à Caracas depuis deux mois. Nous avons eu le temps de prendre nos repères, commencer à travailler, et même à voyager un peu dans le pays. Il était donc temps de reprendre ce blog, resté trop longtemps en friche.

Je ne savais pas sur quel thème aborder ce premier post, puis il m’a sauté aux yeux : Chávez. Ou plutôt, comme le nomment respectueusement ses fidèles : el Comandante Hugo Rafael Chávez Frias, président de la République bolivarienne du Venezuela.

Pourquoi lui ? D’abord parce qu’il est en partie responsable de notre expatriation et de l’intérêt des journaux français pour notre travail, mais surtout parce qu’il nous est impossible de passer une seule journée au Venezuela sans parler de lui.
Chávez vous accueille d’abord, béret rouge sur la tête, à l’aéroport de Maquetia. De grandes affiches décorent le hall de l’aéroport pour vanter les résultats de ses douze ans au pouvoir : réduction de la mortalité infantile, alphabétisation, réduction de la pauvreté, augmentation de la production agricole. Dès la première discussion avec le premier chauffeur de taxi, Chávez remontre le bout de son nez. L’insécurité dans Caracas ? C’est la faute de Chávez ! Le prix de la course de taxi, des hôtels, du lait ? La faute de Chávez ! Les coupures d’électricité récurrentes ? Devinez…

Voici l’argumentaire de l’antichaviste. Le président socialiste aurait miné l’économie du pays en faisant fuir les investisseurs étrangers dissuadés par les menaces de nationalisation et d’expropriation et aurait volontairement fermé les yeux sur l’insécurité galopante, encourageant même les délinquants à s’en prendre à l’ « oligarchie bourgeoise » qui refuse de prendre part à la révolution.

Du côté des chavistes, au contraire, le « commandant » serait le premier président vénézuélien à avoir pris en compte les masses populaires, leur avoir donné de quoi vivre décemment, avoir permis à tous d’accéder à la santé et l’éducation gratuitement, bref aurait mis fin à des siècles d’inégalités en douze ans seulement.

Entre ces deux discours, il y a très peu de place pour la nuance, la critique et le compromis. Cette phrase de Che Guevara, lue dans un bureau de l’Institut national du territoire, résume bien la mentalité du Venezuela en ce moment : « Dans la révolution, on est noir ou blanc. Le gris est la couleur de la trahison ».

Haine

Le problème d’un pays en noir et blanc, c’est la haine entre les deux camps. Les uns se lamentent de vivre dans un régime « communiste castriste » tandis que les autres dénoncent ces « bourgeois apatrides ». Le dialogue est impossible, et l’élection présidentielle de 2012 s’annonce très tendue, voire violente.

Pourtant, aux yeux du visiteur étranger que je suis, les deux « camps » ne sont pas si différents. Ils partagent le même amour inconditionnel de leur pays, qui se transforme en douleur inconsolable pour ceux qui l’ont quitté, la même « alegria » ou joie de vivre, la même propension à dépenser son argent dans les centres commerciaux surdimensionnés. Alors comment expliquent-ils cette division ?

Pour les anti il s’agit d’une véritable résistance à la « dictature », « comme en Egypte », disent certains. Pour les pros il s’agit de défendre coûte que coûte la révolution sans cesse menacée par un coup d’Etat orchestré par l’ « Empire », comprenez les Etats-Unis.

Les journalistes ne dérogent pas à la règle, ils ont tous choisi leur camp. Du coup les personnes que nous interviewons ont du mal à comprendre que nous ne sommes là ni « pour défendre le processus bolivarien », ni « pour dénoncer Chávez à la communauté internationale », mais pour simplement raconter ce qui se passe au Venezuela, le beau comme le moche. Parfois le beau est socialiste, parfois non. Nos interlocuteurs du « parti » se sentent trahis si nous leur expliquons que nous allons aussi interviewer des membres de l’opposition, et vice-versa. « Vous ne voulez pas prendre parti ? Vous n’allez pas vous faire d’amis alors ! », nous a-t-on prévenus à maintes reprises. Prenons le risque…

Julie

Publié par : juliejbenamerique | 16 août 2010

La fin du périple: des plages, des Indiens et des petites galères

Une plage déserte de Mochima

Cette fois c’est vraiment terminé. Dans 48 heures nous serons dans l’avion, de retour pour la France. Je vais faire très court pour résumer cette dernière semaine de voyage. Nous avons plongé nos orteils dans le sable fin et blanc des plages des Caraïbes, profité de longues journées au soleil, rencontré deux Espagnols très sympas, des dizaines de dauphins qui suivaient notre barque, et malheureusement des centaines de moustiques impitoyables.

Puis nous sommes revenus sur nos pas, direction Ciudad Bolivar de nouveau, pour réaliser un reportage à 5 heures de bus de là, dans l’Université Indigène de Tauca, qui enseigne aux Indiens une autre histoire, écrite par leurs propres historiens et non par les colons, et leur appprend à sauvegarder leur culture en danger. Là-bas, nous avons dormi en hamac, nous nous sommes douchés en pleine nature, et avons participé à la pré-rentrée la plus champêtre du monde. D’une salle de cours à une autre il faut marcher près d’une demi-heure dans la savanne…

Le retour sur Caracas fut quant à lui semé d’embûches: 3 heures d’attente en plein soleil qu’un taxi collectif nous prenne pour Ciudad Bolivar, un camion qui se renverse devant nous avec ses 7 passagers dont 5 enfants (heureusement sans victime), les bus pour Caracas tous pleins, les hotels idem… Nous sommes finalement arrivés samedi soir dans la capitale, après 9h dans un bus très peu confortable, notre dernier trajet en Amérique du Sud. Nous allons profiter des 48 heures qui nous restent pour se faire doucement à l’idée du retour, et vous disons donc merci de nous avoir suivis et à très bientôt!

Julie

PS: ceci n’est cependant peut-être pas notre dernier post…

Notre dernière semaine en photos:

JB tente de rattraper les dauphins

Notre petit appareil très long à la détente n'a pas vraiment rendu la beauté du spectacle. Mais en voici un aperçu!

Du repos, enfin!

Le bâtiment principal de l'Université indigène, au milieu de nulle part

Les "résidences étudiantes"

En attendant la rentrée, les étudiants travaillent leur "projet de terrain" effectué ces deux derniers mois. Willy, au premier plan, n'était jamais sorti de sa communauté avant de venir étudier à Tauca.

Une bonne nuit en perspective...

Queriamos agradecer nuestros compañeros de ruta. Un fuerte abrazo a todos los que nos ayudaron, hospedaron, escucharon y tomaron tiempo para nosotros. Sin ustedes este viaje nunca hubiera sido tan inolvidable. Esperamos verlos de nuevo algun dia en Francia o en cualquiera parte del mundo!

Un gracias especial para:

Julio Marino, Wilberg y Francisco, Juana, Julie, Rafael, Alex, Fatima y Sissa, Mercedes y Milton, Cesar, Omar y Daniella, Giovanna, Jessica y Nicolas, Jesús, Chrystelle, Dorothée et Sébastien, Francisco Kuno, David, Joe, Alexis, Fermin, Don Cornelio y Alejandrina, David y Lorenza, Franco y Valentina, Winnie, Jon et Bertille, Cécile, Mijael, Pablo, Myriam, Marianella y Leandro (un beso al pequeñito Santino), Gabriel, Estela, Esteban, Mireille et Jean-Marc, Cécile et Gaël, Marc, Daniel Ortega, Samia, Roque, Katia, Veronica, Joao, Sara y Sebastian, Joost, Sam, Kevin and Robin, Ruth y Dany, Emile, Claire y Rafael, Jean-Luc y Milagros, Alba, Marie-Christine, Jordi y Mario, Luz y Emjayumi.

Publié par : juliejbenamerique | 6 août 2010

Mérida: des rencontres et des montagnes

Chacanta vu d'en haut

Nous cherchions de la fraicheur et du calme, nous les avons atteints à Mérida, capitale des Andes vénézuéliennes, et capitale des étudiants du pays également. Mais soyons honnêtes, nous n’aurions jamais trouvé notre paradis ici sans l’aide de Jean-Luc, lecteur belge de notre blog, vivant au Venezuela depuis plus de vingt ans et directeur de projets de la Fondation Andes Tropicales (voir notre article sur Youphil).

Le jour de notre arrivée à Mérida, nous nous installons chez Paty, Colombienne adorable toujours flanquée de son caniche blanc Sasy, qui ne peut prononcer deux phrases d’affilée sans les ponctuer d’un « mi amor », « mi corazón » ou « mi vida ». La posada est toute simple, mais nous nous délectons de notre première douche chaude depuis… deux mois! Et avec de la pression  s’il vous plait! Bref le bonheur.

L’anniversaire d’Hugo Chávez

Nous nous baladons dans Mérida, il fait beau mais frais, JB est soulagé, la chaleur de Caracas commencait à l’insupporter. Nous croisons des dizaines de personnes vêtues d’un t-shirt ou d’une chemise rouge barrée d’un slogan pro-chaviste (du type « Uh, Ah! Chávez no se va!« ), un petit concert de reggae-salsa est organisé sur la place avec partage d’un énorme gateau blanc à la crème… Nous apprenons qu’il s’agit de l’anniversaire du président.

Nous retrouvons nos amis espagnols Ruth et Dany, rencontrés aux Angel Falls, qui reviennent un peu désabusés de leur excursion dans Los Llanos («regardez qu’il est beau l’anaconda, on va tous le toucher pour la photo!»), et dans un village andin trop touristique.

Heureusement nous rencontrons Jean-Luc, qui nous avait contactés via ce blog… Il nous fait connaitre le programme auquel il participe : la fondation Andes Tropicales, née de l’initiative d’un Belge mais de nationalité vénézuélienne, financée par l’UE et sans but lucratif, qui se donne pour mission de mettre d’autres destinations touristiques sur la carte de la région, avec comme idée la préservation de l’environnement et des modes de vie des habitants des villages les plus isolés.

Il nous propose d’accompagner Marie-Christine, une expatriée française qui se rend dans les pueblos del sur durant trois jours. En attendant, il nous conseille d’aller passer une nuit chez une de leurs bénéficiaires qui a monté son auberge dans le Paramó, à Mitibibo.

Aureliano, ou Lucky Luke, grand ami de JB et artisan

Du Paramó aux Pueblos del Sur

La route menant à Mitibibo est magnifique, semée de petits villages andins aux murs de chaux peints de couleurs vives. Dès notre arrivée chez Irene, qui tient une posada charmante en pleine montagne, nous sentons un besoin urgent de faire la sieste… nous sommes à 3.500 mètres d’altitude. Nous avons peur de passer une nuit difficile tant il fait froid, mais les bouteilles d’eau chaude placées dans notre lit par Irene et les quelque 5 couvertures nous aident à dormir comme des bébés…

Deux jours plus tard, nous retrouvons Marie-Christine et Alba, ex-conseillère d’orientation qui aujourd’hui anime des ateliers de « dynamique de groupe », pour une folle aventure ! Nous embarquons dans la camionnette de la Fondation, aussi lourde qu’un semi-remorque, pour trois jours d’expédition. La route est longue, tortueuse, parfois dangereuse, la camionnette difficile  à manier, mais les paysages sont à couper le souffle. Des chaines de montagne à l’infini, partiellement baignées dans les nuages, et couvertes d’une végétation luxuriante. Des orchidées blanche et violette bordent notre chemin par centaines.

Le sofa me tendait les bras...

Au fur et à mesure de nos arrêts, nous connaissons Jonathan, jeune artiste peintre passionné d’équitation qui demande un micro-crédit à la fondation pour monter son centre équestre et organiser des balades à cheval avec des touristes, Yasteli qui a ouvert sa boutique d’artisanat, Tomasa qui a pu réaménager sa posada décrépie en un lieu enchanteur, ou encore Pascualina qui nous prépare la traditionnelle pizca andina (une soupe locale) dans sa cuisine tout juste ouverte aux visiteurs.

Apprendre à se faire confiance…

… et à faire confiance aux autres. C’est le thème de l’atelier qu’Alba et Marie-Christine sont venues organiser à Chacanta, village tout droit sorti du 19ème siècle, avec ses vieilles batisses coloniales, ses habitants à cheval et son église en permanence ouverte. Certains paysans ont fait 4 heures de marche pour assister à l’atelier de la fondation.

C’est une des étapes de leur processus de « formation » au tourisme et au développement durable. Alba les fait jouer ensemble, résoudre un problème en groupe ou encore écrire noir sur blanc les défis de la communauté pour monter un réseau touristique qui bénéficie à tous et les aide à transmettre leurs traditions, leurs savoir-faire aux quelques visiteurs qui viendront jusque là.

Le but n’est surtout pas de voir Chacanta envahie par des cars entiers d’Allemands ou Japonais, mais de fournir à ses habitants une alternative économique à l’agriculture qui soit moins dévastatrice pour l’écosystème unique qu’ils possèdent et leur permette de ne pas quitter la terre de leurs ancêtres.

Nous apprenons à connaitre ces villageois accueillants et motivés, qui nous donnent aussi à voir un autre Venezuela, celui du pays profond. Edilmer, le leader de la communauté, est d’ailleurs très admiratif du président Chávez, qui pour lui « a changé la vie des paysans » avec les Mission permettant aux enfants et adolescents d’étudier, l’aménagement des routes, les aides agricoles, les produits alimentaires moitiés prix… Marie-Christine tempère toutefois son discours : celui qui n’est pas au « parti » n’a rien de tout cela, nous rappelle-t-elle.

Nous quittons à regret ces terres attachantes. JB soulage un peu Marie-Christine en prenant le volant de l’indomptable 4X4. Nous disons aurevoir á Mérida avec un verre de rhum orange chez Alba. Direction le parc national Mochima, pour lézarder un peu sur les plages des Caraibes, avant-dernière étape de notre long périple.

Julie

P.S : Comme vous avez pu le remarquer, je n’ai pas pu entrer d’accents circonflexes ou pas toujours, ni de trémas… Ma connexion internet est tellement lente que je n’ai pas non plus rentré beaucoup de photos, mais consultez le portfolio que nous publions le 12 aout sur Youphil !

Publié par : juliejbenamerique | 5 août 2010

Dans les Andes du Venezuela

Nous venons de passer trois jours magnifiques dans les Andes du Venezuela. Nous avons réalisé un reportage sur une des fondations les plus pertinentes que nous avons rencontrées lors de notre voyage. Vous pouvez lire « La reconversion des villageois andins » en cliquant. Un portfolio sera publié à ce sujet la semaine prochaine.

JB

Publié par : juliejbenamerique | 27 juillet 2010

Caracas: pas si mal…

Caracas

Caracas

« Vous êtes certains de vouloir aller à Caracas?« , « On y est passé en bus. C’est vraiment moche« , « C‘est le règne du 4×4« , « Nous nous sommes faits détrousser dans le premier taxi que nous avons pris« , « les gens là-bas sont… bizarres…« . Les touristes de Ciudad Bolivar ne nous ont pas dressé un tableau flatteur de la capitale du Venezuela.  Nous commencions même à redouter notre arrivée dans cet « enfer urbain« . Voilà une semaine que nous y sommes et avons pu nous forger notre propre opinion.

Dans le centre colonial de la ville...

Dans le centre colonial de la ville...

Il faut bien avouer que Caracas n’est pas un bijou architectural. Le centre « colonial » se réduit à quelques rues. Autour de la place Bolivar, très prisée par des écureuils noirs, se dressent quelques vielles bâtisses.  Nous en faisons rapidemment le tour par une petite balade qui nous mène jusqu’au Panthéon en pleine agitation. Hugo Chávez y tiendra un discours le lendemain. Rien d’extraordinaire. Mais Lima n’était pas mieux pourvue en vieilles pierres. Les montagnes et la forêt environnante, visibles de n’importe oú dans la ville, lui donnent même un certain charme.

Presque idyllique, presque

Obama un missile Made in USA dans les mains

Obama un missile Made in USA dans les mains

Nous sommes montés en téleférique dans le parc Avila. D’un côté : la vue sur la ville. De l’autre : on devine l’océan.  Ce week-end là tous les Caraqueños semblent avoir fait le même choix que nous. Impossible de marcher tranquillement. Les villages, un peu plus bas, sont aussi pris d’assaut. En descendant en 4×4 on parvient aux plages de Macuto, à moins d’une heure de la capitale. L’eau est turquoise, les flancs verts de la montagne sont tout proches.

Les plages bondées de Macuto

Les plages bondées de Macuto

Ce paysage serait presque idyllique. Mais au tableau vous devez ajouter : des poubelles débordantes avec au-dessus un panneau rappelant que « la révolution socialiste travaille à l’environnement de chacun« , des bouteilles de verre et de plastique jetées sur les plages et surtout n’oubliez pas la foule imposante, pire que la Grande-Motte au mois d’août. Nous profitons quand même de l’eau chaude, du soleil et de ses coups.

Caracas est une ville dangereuse. Impossible de dire le contraire. Les témoignages sont trop nombreux. Le soir nous rentrons vite à notre hôtel, situé en plein haut lieu de la vie nocturne. Nous sommes constamment aux aguets et prenons soin d’éviter les rue désertes. Ce que nous faisions déjà au Brésil ou à Bogotà.

"Si la nature s'oppose à nous, nous lutterons contre elle et fairons en sorte qu'elle nous obéisse". Simon Bolivar (Ecologiste?)

"Si la nature s'oppose à nous, nous lutterons contre elle et fairons en sorte qu'elle nous obéisse". Simon Bolivar (Ecologiste?)

Par contre, à la différence de sa cousine colombienne, à Caracas les rues grouillent constamment de monde, la musique ne s’éteint jamais. Ce n’est pas forcément un gage de sécurité mais au moins la ville vit ce qui n’est pas le cas d’Asunción, la capitale du Paraguay, désertée après 21 heures.

« 1 dollar! », « 1dollar! »

On nous a dit beaucoup de mal des Caraqueños… Nous n’avons dû rencontrer que les plus sympathiques. Il suffit de retourner deux fois dans le même restaurant pour être salué comme un vieil ami. Tous vous mettent en garde des lieux à éviter, des taxis auxquels ont peut faire confiance, etc. Nous n’avons eu peur qu’une fois, un soir en revenant à notre hôtel après dîner. Un jeune nous demande « 1 dollar ». Il insiste, me prend par le cou. Je me dégage, crie quelque chose, Julie m’entraîne alors que mon sang chauffe. Rien de plus.

Moi, Emile, Claire, Elsa et Pauline lors de la "hora loca"

Moi, Emile, Claire, Elsa et Pauline lors de la "hora loca"

Caracas ce fut aussi le mariage de Claire, la soeur de notre ami Emile. Nous sachant au Venezuela elle nous a gentîment invités à son mariage. On se rappellera de la « hora loca », ce moment oú une chenille improvisée se met en route,  oú tout le monde arbore masques ou chapeaux (même Emile, si, si, si…), oú chacun danse sans s’arrêter. La famille vénézuélienne habituée de salsa et de reggaeton ne comprenait pas trop le principe de la musique française à texte et me demandait s’il ne fallait pas arrêter la chanson « Hexagone » de Renaud quand je leur traduisais les paroles…

Bref, on a passé de bons moments à Caracas. Cette ville n’est pas magnifique, elle ne peut disputer la gloire des grandes capitales touristiques comme Rio de Janeiro mais elle n’est pas pire que d’autres capitales sud-américaines et est loin de « l’enfer urbain » qu’on nous a décrit.

JB

Publié par : juliejbenamerique | 22 juillet 2010

Chutes de l’ange: trois jours au paradis

Les chutes de l'ange, plus hautes chutes d'eau du monde

Vous aviez peut-être déjà repéré ce décor sauvage dans « Un Indien dans la ville », « Le Jaguar », « Arachnophobie » (qui regarde ça?), ou encore, plus récemment, dans « Up », le dessin animé Pixar. Nous, non. Nous n’avions jamais entendu parler des Chutes de l’ange, les plus grandes du monde, hautes de 900 mètres.

Mais à Ciudad Bolivar, on ne parle que de ça. Nous étions venus pour travailler, mais nos compagnons de bateau amazonien Sara et Sebastian nous ont convaincus que nous méritions de nous offrir cette pause onéreuse mais inoubliable.

 
 

Vue d'avion de la lagune de Canaima

Direction Canaima

Nous embarquons donc à bord d’un tout petit avion 5 places, direction Canaima, en plein coeur de la Gran Sabana vénézuélienne. A notre arrivée, nous faisons connaissance avec Luis, notre guide indien. Il nous invite à partager le déjeuner avec nos compagnons pour trois jours.

Ca commence très mal, nous nous asseyons en face d’une vieille prof anglaise très, très étrange qui nous abreuve de ses plaintes contre les ambassades britanniques, s’extasie d’avoir pu photographier deux professeurs indigènes derrière un écran d’ordinateur, a très peur des moustiques, déteste le camping, préfère partir sans son mari, regarde son assiette avec dégoût et court se préparer une « cup of tea » dans sa chambre.

Premier bain dans la lagune

Heureusement le spectacle de la lagune de Canaima nous fait oublier cette rencontre agaçante : un lac parsemé de palmiers dans lequel se jettent plusieurs cascades. Paradisiaque.

Après une petite baignade nous embarquons dans une petite pirogue pour l’autre coté de la lagune : nous allons passer derrière une cascade. L’Anglaise, qui ne veut pas se mouiller, nous attend.

La "douche" que nous venons de traverser...

Nous allons en effet prendre la douche la plus puissante de notre vie, une sensation unique! Au repas du soir, nous délaissons notre chère anglaise pour faire connaissance avec un couple italien, et deux amis espagnols, Ruth et Dany, que nous ne quitterons plus. Luis nous « sort » dans une salle pour touristes, nous expliquant que dans les bars locaux ils ne servent pas d’alcool, « c’est interdit ». Lui en tous cas profite bien des bières et du rhum normalement réservés aux touristes, et se lance dans des salsas endiablées!

 
 

Les cascades et les tepuis (montagnes au toit plat) se succèdent à l'infini

 
 

Les vertigineuses chutes vues d'en bas

Les fameuses chutes

Le deuxième jour, nous suivons un autre guide, Matterson, qui plait un peu mieux à la vieille anglaise car il est bilingue. Nous partons pour 4h30 de barque, nous accrochant souvent à nos gilets de sauvetage dans les rapides, qui nous arrosent entièrement.

Matterson nous raconte, pas peu fier, qu’il a été embauché comme traducteur-fixeur pour la version américaine d’ « Un Indien dans la ville », en partie tournée ici. Nous faisons une halte « traversée d’une ile où se vendent de très beaux souvenirs » et où les puri-puri, ces insectes surnommés « la peste » au Venezuela, nous grignotent à coeur joie.

Bain très frais au pied des chutes les plus hautes du monde

Après une petite grimpée d’une heure, nous tombons sous le charme des Chutes de l’ange, qui arrivées au terme de leur course de près d’un kilomètre, ressemblent à des nuages de poussière. Nous nous baignons meme rapidement dans le bassin formé à leurs pieds avant de regagner notre campement de hamacs.

Le poulet à la braise nous semble un vrai festin après les sandwichs miniatures distribués le midi. Avec surprise, nous passons meme une très bonne première nuit en hamac, presque comme dans un lit!

Le lendemain, nous quittons à regret Ruth et Dany, avec qui nous nous sommes si bien entendu, nous promettant de nous revoir en France ou à Madrid. Nous ne sommes pas pressés de quitter Ciudad Bolivar pour Caracas, les histoires sordides entourant cette capitale nous refroidissent un peu…

Julie

Publié par : juliejbenamerique | 12 juillet 2010

Demain dans les kiosques!

Achetez le nouveau « Causette » dans les kiosques à partir de demain 13 juillet, il contient un long article de nous!

Publié par : juliejbenamerique | 9 juillet 2010

Dernière frontière

Le fleuve Orinoco qui traverse Ciudad Bolivar, au Venezuela

Ca y est nous l’avons passée, notre dernière frontière. Il était temps, car le passeport de JB est maintenant plein. Il reste tout juste une petite place pour le tampon de sortie du territoire. Le Venezuela est donc notre dizième et dernier pays de ce tour d’Amérique du Sud. Nous avons quitté le Brésil sans trop de regrets, le jour de leur défaîte en quarts de finale de la Coupe du monde.

Dernier match du Brésil
Nous n’avions pas vraiment prévu de voir ce dernier match, mais sans imprévus n’est-ce pas, le voyage ne serait pas la moitié de ce qu’il est! Nous nous levons à l’aube ce jour-là, dans l’insignifiante ville frontière de Boa Vista. Nous voulons acheter des dollars avant d’arriver au Venezuela, car leur taux de change au marché noir nous permet de toucher 50% de Bolivars (la monnaie vénézuélienne) en plus du taux de change officiel…
A 7 heures quand nous arrivons devant la banque, une centaine de personnes font déjà la queue. On ne se décourage pas, on patiente, on obtient un ticket, puis un charmant monsieur nous recoit, nous explique que nous devons retirer l’argent en reais au distributeur avant, puis revenir le voir, il nous fera une réduc sur les frais de change. Notre calcul est vite fait: même en retirant des reais à partir d’un compte en euros puis en les changeant en dollars pour ensuite les changer en bolivars (vous suivez toujours?), l’opération nous fait gagner des centaines d’euros.
Seul hic: la banque ferme ses portes dans dix minutes pour deux heures… le temps du match! Nous avons mille autre choses à faire, mais nous commencons à connaître le Brésil: tout est fermé pendant le sacro-saint « jogo » sauf les bars. La défaîte est dure à avaler, les regards sont tristes et vides, les drapeaux jaune et vert retombent, nous ne traînons pas longtemps nos guêtres sur place, de peur que l’on nous prenne pour des Hollandais. Nous revenons à la banque dès le coup de sifflet final et changeons notre argent.
Dernier tampon sur le passeport
Cette dernière frontière aura de loin été la plus facile. Pas de queue, pas de formulaire à remplir, pas d’inspection des bagages. Une fonctionnaire nous demande simplement notre profession: nous répondons « étudiants », comme d’habitude et voilà, nous sommes au Venezuela. Quel plaisir de reparler espagnol et de comprendre tout le monde! Tout nous semble plus simple, presque comme un retour à la maison!
Sauf que la maison en question n’est pas très sûre, nous le comprenons vite. Les Vénézuéliens que nous rencontrons ne cessent de nous mettre en garde contre… la police, qui cherche à voler les touristes lors de contrôle inopinés. Pour éviter les ennuis, nous prenons un bus de jour entre la frontière et Ciudad Bolivar.
Un petit bus de 20 sièges type ramassage scolaire, sans climatisation ni sièges inclinables…Les 12 heures de trajet ne seraient pas passées vite si le paysage verdoyant de la Gran Sabana ne nous avait occupés! Nous traversons des dizaines de petits villages indiens entourés de montagnes plates et couvertes de palmiers. Nos deux chauffeurs ne se lassent pas de leurs hits de salsa qu’ils repassent en boucle en chantonnant. Nous arrivons un peu fourbus à Ciudad Bolivar.
Dernier bon hôtel?
Nous nous payons cette semaine un hôtel un peu au-dessus de nos moyens, le dernier de cette catégorie certainement. Mais il le vaut bien: une immense maison coloniale meublée de vieilles commodes de bois massif et une chambre sur deux niveaux pour nous tout seuls. Nous devons écrire 40.000 signes cette semaine, soit environ 10 pages word, sur les Indiens de Bolivie. Il nous fallait un cadre agréable, nous l’avons trouvé. Seul bémol: la chaleur étouffante et les dizaines de moustique qui nous tournent autour jour et nuit.

Julie

P.S: J’ai beaucoup répété le mot « dernier » dans ce post mais ce ne sera pas le dernier billet, donc continuez de nous suivre! Il nous reste quelques 40 jours à passer au Venezuela, ce ne sont donc pas là nos « dernières » aventures.
Publié par : juliejbenamerique | 29 juin 2010

Notre remontée de l’Amazone

Une des filles qui se sont harponnées à notre bateau

Une des filles qui se sont harponnées à notre bateau

Nous avons navigué durant cinq jours et six nuits sur le fleuve Amazone. Départ: Bélem. Arrivée: Manaus. Ainsi écrit vous imaginez peut-être une paisible et reposante croisière. Paisible, c’était le cas, peut-être trop d’ailleurs, reposante pas tellement. 

Sur deux ponts, des hamacs

Sur deux ponts, des hamacs

La plupart des passagers dorment sur le pont, sur des hamacs accrochés à tous les espaces libres disponibles et quelques rares privilégiés dorment dans des cabines. Grand bourgeois que nous sommes, nous avons opté pour cette dernière option. A deux le coût était à peine supérieur que les hamacs et nous avions trop peur de nous faire une nouvelle fois voler notre matériel… 

La cabine a l’avantage de fermer à clef et d’avoir une salvatrice climatisation. Sur le pont il fait chaud, trop chaud. Nous passions nos journées à chercher une brise rafraîchissante ou de l’ombre. 

Notre cabine

Notre cabine

Notre chambre devait faire 3 mètres carrés. Juste assez pour caser deux lits superposé et nos deux gros sacs-à-dos. La salle-de-bain permettait, oh luxe suprême, de s’asseoir sur le trône tout en prenant une douche bien froide en compagnie de deux gros cafards cherchant comme nous un peu de fraîcheur. 

La journée est rythmée par de la musique « pop » brésilienne, qui est devenue au fil des jours insupportable. Heureusement, les matchs de foot interrompaient deux fois par jour les chants. Même perdus dans la jungle les Brésiliens ne pouvaient pas rater les rencontres de leur équipe même s’ils mettaient moins d’ardeur à régler l’antenne capricieuse quand il s’agissait de l’Allemagne ou de l’Uruguay. 

Sur les rives de l'Amazone

Sur les rives de l'Amazone

A l'heure du match du Brésil

A l'heure du match du Brésil

Les longues journées passaient finalement vite. C’était un voyage fait de rencontres. Ce Brésilien partait rejoindre sa femme et ses enfants à Santarem après quelques mois passés à Bélem, une ville qu’il n’aimait pas. Cet autre rentrait à Manaus dix ans après l’avoir quittée parce que le mondial de 2014 y ouvrirait des opportunités. Deux Nord-Irlandais avaient toujours une bouteille de vodka à partager la nuit tombée. Un jeune anglais de dix-neuf ans expliquait ses déconvenues avec flegme. Un Japonais s’amusait de voir qu’en Europe on rentre à la maison même quand le travail n’est pas terminé et que oui, il est très rare que nous retournions au bureau le samedi et le dimanche après-midi. Un Hollandais et sa copine suédoise s’intéressaient au journalisme et décrivaient la Scandinavie sous le soleil de plomb. Un groupe de trois Français (dont un connait Loïc) visitaient l’Amazonie 

Sebastian et Sara nos deux amis suédois

Sebastian et Sara nos deux amis suédois

avant de rejoindre leurs copines à Rio de Janeiro. Ce couple de profs et leur enfant de sept ans sont eux partis en bateau de Dakar et avaient laissé pour un temps leur voilier au port. Un autre Hollandais trainait des pieds pour reprendre ses études et profitait d’un petit héritage. 

Tous ces Occidentaux voyagent pour quelques mois, voire des années. Les partages de bons plans et d’expériences occupaient une grande partie de nos discussions. Nous sommes d’ailleurs chanceux. La plupart se sont au moins fait voler une fois au Brésil. L’Anglais dans la rue de notre hostal à Rio. L’expérience la plus surprenante vient de Robin, le Nord Irlandais. Le soir à Salvador un homme pose la pointe de son couteau sur son estomac. Il le repousse violement et hurle tout ce qui lui passe par la tête. Le voleur s’est enfui en courant. Au même moment son ami Kevin, se faisait détrousser par deux hommes armés dans une autre ville. 

Un petit affluent du fleuve

Un petit affluent du fleuve

Nous passons aussi de longs moments à regarder le paysage. Nous essayons d’apercevoir ce que nous avons décidé être des dauphins d’eau douce. Des maisons sur pilotis longent le fleuve immense. Des gamins jouent au foot sur des terrains improvisés. Des vaches cherchent de l’herbe sur les quelques bouts de terres sèche. Une fois, le soir, les portes grandes ouvertes d’une église minuscule laissent entendre des chants 

Les passagers tuent le temps en jouant aux dominos

Les passagers tuent le temps en jouant aux dominos

similaires au gospel entonnés par des femmes en uniforme. Et la forêt, encore la forêt, fissurée par les eux marron de cours d’eau innombrables. La tombée de la nuit est le moment le plus attendu de la journée. Nous sommes enfin délivrés de la chaleur étouffante et nous profitons de l’arrivée de la lune, pleine et rougeâtre, sur le fleuve. 

La quiétude du bateau est interrompue par quelques rares évènements. Des gamins, quelquefois âgés de trois, quatre ans, se précipitent à bord de leurs pirogues à la vue de notre navire brinquebalant. Ils attendent qu’un passager leurs envoie des sacs de nourriture. D’autres harponnent avec force notre coque et se hissent à son bord pour vendre du fromage ou des sacs de crevettes. Ils ne manqueront pas de quitter notre navire en effectuant un saut périlleux du haut du pont supérieur.

Les vaches sont élevées le long de l'Amazone

Les vaches sont élevées le long de l'Amazone

L’arrivée dans un port est une autre grande attraction. Notre bateau commence alors à décharger sa cargaison de céréales, de vodka, de soda. Tous les passagers sont

Dans un port les vendeurs de glaces et de sodas

Dans un port les vendeurs de glaces et de sodas

appuyés sur la balustrade pour profiter du spectacle. Nous avons parfois le temps de poser le pied à terre, juste assez pour que les Irlandais puissent se réapprovisionner en alcool et se faire une frayeur lorsque le navire redémarre sans prévenir.

Peu à peu nos amis débarquent. Nous étions sûrement une petite centaine au départ. Un jour avant l’arrivée nous ne sommes plus qu’une vingtaine. Les Irlandais et le Japonais nous ont accompagnés jusqu’à la fin. Aucun de nous n’a regretté ce voyage mais l’arrivée, avec une douzaine d’heures de retard, au petit matin, à Manaus, était attendue.

JB

La pirogue tente de quitter notre navire

La pirogue tente de quitter notre navire

Sur le pont

Sur le pont

A Manaus des bateaux semblable au notre

A Manaus des bateaux semblable au notre

Publié par : juliejbenamerique | 29 juin 2010

Le Brésil au rythme du foot sur Youphil

Le calendrier footballistique nous a fait avancer notre publication hebdo sur Youphil de deux jours. Si vous voulez lire le premier (et peut-être dernier) article (un peu) sportif de ma vie, cliquez ici.

Julie

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